Shiatsu et voyage à cheval
Fleur ou rangement de voiture, une capucine est bien plus que cela.
La Capucine mesure 147 cm de haut, est trapue et peut parcourir plus de 6000 km en 18 mois.
Maison sur pates, coffre de voiture, réveil matin ou encore clown, elle remplit toutes les fonctions.
Avec elle, nous avons traversé les saisons dehors et parfois chez l’habitant.
J’ai pratiqué le Shiatsu dans des lieux insolites
Et surtout, j’ai réalisé un petit bout de rêve
Merci Capucine
« Au matin, après un café entre cages de perroquets, chiens et aquarium, j’offre un Shiatsu aux deux chevaux de nos hôtes. Les sensations sont belles. Encrée, mon attention tournée vers eux et concentrée dans mes mains, je suis à ma place. Capucine n’est pas de cet avis, elle appelle et gratte pour presser les préparatifs. Il y a le départ imminant, l’inconnu qui m’attend et qui tente régulièrement d’accaparer mon esprit. Ce contexte pour faire du Shiatsu est à mille lieux d’une séance habituelle. Ici je dois faire abstraction de Capucine, des affaires, du chargement qui m’attend, de l’imprévu à venir…Le lâcher prise et l’attention sont bien mis à contribution. »
« Je cuis des œufs à la coque à l’intuition. Un bain dans la rivière, je lave mes longs cheveux pour la dernière fois. En fermant les yeux, je sens encore tout leur poids entrainé par le cours d’eau qui me masse la tête. »
« Si l’épicerie a tenu ses promesses, l’emplacement de bivouac ne sourit guère à Rochebeaucourt. Encore cinq kilomètres sous un soleil de plomb. Je sue, je fatigue, Capucine est trempée, les étendues…leur couleur, je ne m’en souviens même plus. Rien ne me ramène le sourire. Mirage ou destination de choix, nous plaçons tous nos espoirs dans le prieuré du Rouzet. On nous dit que le lavoir est à sec. Il y aurait par contre, un étang dans la propriété du monastère gardé par l’anglaise. »
« Le campement souriant nous promettait une belle soirée avec un pré de fauche, arbres et rivière…Je comprends en quelques secondes que Capucine se fait charger par un essaim d’abeilles. Le nuage la poursuit et nous sommes impuissants. J’enfile mon k-way pour me diriger vers le lieu du crime, sans deviner son occupation par quelques rebelles prêtes à dégainer sur moi. L’épisode n’aura duré qu’une ou deux minutes. Lorsque les vindicatives guerrières de terre s’éloignent, Capucine est en état de choc, tête basse, les yeux vitreux. Des spots jaillissent sur son corps. Elle respire vite, fort et finit par s’étaler par terre de tout son long pour se rouler. Quelques points de MTC m’aident à la faire redescendre en pression, à calmer son rythme cardiaque. La colique de stress pourrait arriver, et si Capucine faisait une allergie face à une telle décharge de venin d’abeille ? »
« Ce jour tant attendu. Les chevaux sont sellés, chargées, gras, beaux et coquins. Tatie a les larmes aux yeux de nous voir partir. Un morceau de moi se détache pour rester ici en Bretagne, mais le désir d’itinérance est tellement fort…je vais enfin reprendre mon voyage en solitaire avec Capucine. C’est le moment. »
« Aujourd’hui donc, deuxième journée d’affilée d’ennui profond. En dénivelé, Capucine perd une chaussure. Je n’en peux plus de ces problèmes de chaussures ! On s’enfonce dans la forêt de Mervans et je découvre avec surprise tous ces dénivelées et des vues qui commencent à m’enchanter de nouveau. L’effort physique également me manquait. Monter, descendre, être concentrée sur chaque pas, et sur Capucine. Enfin je peux me reconnecter à l’instant présent. Merci l’effort. »
© Photo de bannière / Monique Bournier © Photo fin de page / Fabien Leduc